Le 10 mai 1869, les États-Unis sont enfin traversés d’est en ouest par une ligne de chemin de fer. Les deux équipes chargées de sa construction, l’une partie de Sacramento, en Californie, l’autre d’Omaha, dans le Nebraska, opèrent une jonction triomphale en un lieu appelé Promontory Point, dans l’Utah.
Les États-Unis forment désormais un ensemble humain unifié. Il s’ensuit la fixation des fuseaux horaires afin de pouvoir établir des horaires rigoureux pour les trains transcontinentaux (les fuseaux horaires sont adoptés au plan international en 1884, lors de l’International Prime Meridian Conference, à Washington).
André Larané
L’épopée ferroviaire du Far West
Les Américains ont rapidement perçu le potentiel du chemin de fer mis au point par les Anglais. Ils ouvrent de premières lignes dès 1830 et, dans les années 1850, soit avant la guerre de Sécession, triplent leur réseau, le portant à 50 000 km.
Avec la guerre, il ne s’agit plus seulement d’échanger des produits entre les régions agricoles du Middle West et l’Est industriel ou de transporter des colons vers le Far West. Le train acquiert un rôle militaire de première importance…
Après la guerre civile, le gouvernement veut consolider l’unité du pays et le réseau ferré va y contribuer de manière essentielle. L’État fédéral concède la construction de la première ligne transcontinentale à deux compagnies privées, l’Union Pacific et la Central Pacific, en leur accordant tout le long du futur tracé des terres dont la vente à des colons est destinée à rentabiliser les travaux. Il procèdera de la même façon avec les lignes suivantes.
Les deux compagnies joignent leurs efforts pour relier New York et San Francisco, via Sacramento et Omaha. 17 000 ouvriers, dont beaucoup de Chinois sous contrat, travaillent à sa construction dans des conditions très difficiles, notamment dans le franchissement des montagnes Rocheuses et de la Sierra Nevada. 33 bateaux font de leur côté une chaîne ininterrompue par le cap Horn, à l’extrême sud du continent, pour apporter à l’Ouest le matériel et les outils nécessaires.
Comble de malchance, les deux voies, mal orientées, se croisent sans se rencontrer sur une longueur de 320 km ! Il faut reprendre les calculs avant d’arriver enfin à la jonction de Promontory Point.
Comme prévu, la colonisation de l’Amérique intérieure et l’unité nationale… ainsi que l’éradication des derniers Indiens libres vont être accélérés par cette transcontinentale et les suivantes, le Santa Fe Pacific (New York-Los Angeles, 1881), le Great Northern Pacific (Chicago-Seattle) et le Southern Pacific (La Nouvelle Orléans-Los Angeles).
Dès 1914, les États-Unis compteront 220 000 kilomètres de voies ferrées. Ils en comptent aujourd’hui 350 000, soit autant que toute l’Europe. Ce réseau est encore très actif mais surtout voué au transport de marchandises (le fret).