La Conquête de l'Ouest

La Conquête de l'Ouest

La conquête de l’Ouest

(Sce:Europe 1)

La conquête de l’Ouest est un chapitre mythique de l’histoire des Etats-Unis. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio « Au cœur de l’Histoire », Jean des Cars vous raconte pourquoi et comment les jeunes « USA » sont partis vers l’ouest du continent afin d’agrandir leur territoire.

Dès l’indépendance des treize colonies américaines en 1783, les colons franchissent les Monts Appalaches et commencent à conquérir les territoires l’Ouest. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio « Au cœur de l’histoire », Jean des Cars revient sur les raisons et les moyens d’une expansion qui a façonné la géographie des Etats-Unis telle que nous la connaissons aujourd’hui.  

Après la défaite d’Alamo, le Texas devient américain

En 1821, le Mexique s’émancipe de sa tutelle espagnole grâce à Augustin de Iturbide, qui devient empereur du pays en mai 1822. Son règne est bref : il abdique en 1823 à la suite du soulèvement du général Santa Ana. Le Mexique devient alors une république. Dans cette même période, au nord du pays, la région du Texas est colonisée par 30 000 Américains. 

En octobre 1835, lorsque le général Santa Ana établit une véritable dictature, les colons américains se révoltent, prennent les armes et se préparent à affronter l’armée mexicaine. L’ex-gouverneur du Tennessee, le général Sam Houston, propose de prendre le commandement des colons américains insurgés.

Pour éviter un affrontement risqué avec les troupes du général Santa Ana, l’armée du général Houston décide de se retirer. Afin de protéger cette retraite, le 26 février 1836, un détachement de 185 hommes, menés par les colonels Travis et Bowie, investit une ancienne mission espagnole fortifiée, nommée Alamo. Les 5 000 hommes du général Santa Ana qui poursuivent l’armée de Houston, encerclent les insurgés. En acceptant d’être assiégés, les deux colonels désobéissent à leur chef, le général Houston, qui leur avait ordonné de ne pas s’accrocher au terrain. Aux émissaires de Santa Ana venus demander leur reddition, les insurgés répondent par un coup de canon. A 185 hommes contre 3000, c’était une folie ! 

Les Mexicains hissent alors le drapeau rouge indiquant aux défenseurs qu’ils ne feront pas de quartier. Ils bombardent méthodiquement le fort dont les murs s’écroulent en ruines. Tôt le matin du 6 mars 1836, ils montent à l’assaut par vagues successives. Ils causent des pertes terribles aux défenseurs. Ceux-ci se battent avec l’énergie du désespoir, sauf une trentaine de non-combattants qui se sont réfugiés dans l’ancienne sacristie et qui vont échapper au massacre. Tous les combattants  périssent. Sur l’ordre de Santa Ana, leurs  cadavres, dépouillés de leurs vêtements, sont empilés et livrés aux flammes.

L’horrible massacre de Fort Alamo va stimuler l’armée texane du général Houston. Le 22 avril, il lance une attaque surprise contre les forces mexicaines au bord de la rivière San Jacinto, dans le sud-est du Texas. Le combat est bref mais décisif : l’armée mexicaine est en déroute. Santa Ana est même fait prisonnier ! Il signe l’acte officiel de sa reddition. Il consent à une humiliation : il doit reconnaître l’indépendance du Texas. D’abord république autonome, le Texas sera finalement incorporé aux Etats-Unis en 1845.

Le destin de Fort Alamo, raconté par un célèbre film de John Wayne, réalisé en 1960 avec l’aide du grand John Ford, fait partie des mythes fondateurs de l’expansion vers l’ouest des Etats-Unis. 

Cette conquête de l’Ouest a été rendue possible dès l’indépendance des treize colonies américaines en 1783 puisque auparavant, le roi d’Angleterre George III interdisait aux colons américains de franchir les Monts Appalaches pour éviter des guerres avec les Indiens. Mais pourquoi et comment les Américains ont-ils décidé de conquérir de nouveaux territoires vers l’océan Pacifique ?

Le Texas est devenu un des Etats de l’Union d’une façon étonnante. La guerre n’était pas menée par les Etats-Unis mais par une sorte d’armée privée de colons. Le résultat est que les Etats-Unis héritent de leur plus grand État (692 000 km2), soit le douzième de leur superficie totale, sans rien dépenser et sans guerre. 

On peut rappeler que la Floride avait été achetée en 1803 à Napoléon car il avait besoin d’argent pour ses guerres européennes. En revanche, il va falloir que les Etats-Unis mènent, de 1846 à 1848, une véritable guerre contre le Mexique pour gagner de nouveaux territoires. Les Américains occuperont Mexico et forceront le Mexique à leur céder, par le Traité de Guadalupe Hidalgo, tout leur territoire au nord du Rio Grande. 

Ainsi, plus de la moitié du Mexique va devenir américaine : la Californie, le Nevada, l’Utah, l’Arizona et une partie du Nouveau Mexique, du Wyoming et du Colorado. Tous ces immenses territoires, plus ceux qui se situent entre eux et la frontière avec le Canada, ce sont les pionniers qui vont les peupler et les coloniser. 

La véritable conquête de l’Ouest peut alors commencer.

Pourquoi la conquête de l’Ouest ? 

A l’énorme expansion territoriale des Etats-Unis s’ajoute une explosion démographique liée à la venue massive d’immigrants européens. De 1800 à 1850, la population du pays passe de 5 millions à 23 millions ! On estime à 4 millions le nombre d’Américains qui vont migrer vers l’Ouest entre 1820 et 1850.

L’idée de cette migration est liée à la notion de nouvelles frontières. Les habitants des anciennes colonies, tout comme les nouveaux migrants, peuvent tenter leur chance en s’installant dans des territoires vierges. Ceux-ci sont la propriété du gouvernement fédéral mais leur prix d’achat est très bas : un dollar l’acre, soit environ un demi-hectare. Le journaliste John O’Sullivan écrit, en 1845, à propos de cette conquête : « C’est notre destinée manifeste de nous déployer sur le continent confié par la providence pour le libre développement de notre grandissante multitude. »

Les premiers à se lancer dans l’aventure vont s’installer dans les vallées des Appalaches. Il y a des Irlandais et des Allemands. C’est ce qu’on appelle « l’Old West ». Après la guerre d’indépendance, les Américains franchissent les Appalaches et conquièrent ce qu’on appelle le Middle West. L’historien François Durpaire le décrit ainsi : « L’Ouest était vu comme un lieu de toutes les opportunités, un Eden où l’on pouvait recommencer sa vie, un refuge pour les exclus. L’histoire de l’Ouest était un roman racontant la destinée d’une Nation en formation. »

De nouveaux conquérants vont se lancer sur les pistes, dans des chariots bâchés qui nous sont familiers à force d’avoir été vus dans tant de westerns. Dans les premiers temps, ce sont des hommes seuls qui partent à l’aventure. C’est un univers violent. Les conflits se règlent à coups de pistolets. Les loisirs se limitent à la fréquentation des saloons, quand il y en a. 

Le saloon devient un univers en soi : l’alcool, le jeu, les prostituées, ce sont les seules activités accessibles à ces hommes qui mènent une vie si rude. Le saloon peut devenir un terrain d’affrontements que le cinéma va largement exploiter plus tard. Des villes improbables, à rue unique, poussent comme des champignons. Bientôt, un shérif tentera d’y mettre de l’ordre. Mais comme on le sait, également grâce aux westerns, les hors-la-loi, très bien organisés, sont nombreux. La conquête de l’Ouest se mérite… 

Mais qu’on se rassure : il y a aussi « la petite maison dans la prairie » avec un chef de famille agriculteur qui va bientôt transformer le Middle-West en gigantesque grenier à blé et à maïs des Etats-Unis. On peut même dater l’arrivée des premières femmes accompagnant leurs maris dans leurs chariots jusqu’à l’Oregon : c’est en septembre 1836. 

Ce sont des épouses de pasteurs, les révérends Whitman et Spalding, deux missionnaires envoyés au-delà des Rocheuses par l’American Home Mission Society pour établir une mission. Elles ont vécu de nombreuses aventures : Mme Spalding a été renversée par un attelage de mules. Un autre jour, son cheval a marché sur un nid de guêpes. La jeune femme a perdu le contrôle de sa monture et le pied coincé dans l’étrier, elle a été trainée dans la prairie sur plusieurs mètres. Leur apparition lors d’une rencontre avec des Indiens et des trappeurs a causé une vive émotion chez les uns comme chez les autres… Les Indiens n’avaient jamais vu de femmes blanches et les autres n’en avaient pas vues depuis longtemps !

Un autre convoi, comprenant lui aussi des femmes, a également traversé les Rocheuses, par la piste de l’Oregon. Il est arrivé en novembre 1841 à Sacramento. Le chef de l’expédition John Bidwell, 25 ans, est originaire du Missouri. Après avoir fondé la Western Immigration Society, il a réuni des volontaires décidés à s’installer au-delà des Montagnes Rocheuses. Le convoi de 70 personnes, hommes, femmes et enfants, avait quitté le Kansas au printemps. Il mettra cinq mois pour atteindre la Californie.

En 1845, on considère qu’en un an 5 000 personnes, par convois d’une dizaine de chariots, ont suivi la piste de l’Oregon pour franchir les Rocheuses. Lorsqu’ils arrivent près du fleuve Columbia, ces immigrants quittent la piste pour se disperser et trouver un coin de terre afin de s’installer et vivre en paix.

Le gouvernement fédéral soutient cet afflux massif de migrants dans une région que les Etats-Unis revendiquent et dont ils ne veulent plus partager la souveraineté avec la Grande-Bretagne. Il faudra néanmoins attendre 1889 pour que l’Oregon, l’État de Washington et l’Idaho soient définitivement reconnus pleinement comme des États américains par les Britanniques.

Cette migration vers l’ouest va être continue. Elle est composée essentiellement d’agriculteurs, certains ouvriront des commerces. Tous s’inventent une nouvelle vie mais à cette migration classique, il faut en ajouter une autre, d’une genre tout à fait différent : les chercheurs d’or.

La ruée vers l’or

Le 5 décembre 1848, dans la région de Coloma, près de Sacramento, James Marshall découvre de l’or dans le canal du moulin à eau qu’il avait construit pour John Sitter, un entrepreneur suisse. Celui-ci  avait acheté une concession de plus de 200 km2. La nouvelle est publiée le 15 mars 1849 dans un journal de San Francisco. L’épicier Sam Brennan, leader de la communauté mormone de la ville, dévale les rues de la cité en criant : « De l’or ! De l’or dans la rivière ! »

Il ne passe pas inaperçu ! Le lendemain, le comportement de l’épicier fait la une du New-York Herald Tribune. La ruée vers l’or va commencer ! Un an après cette découverte, on estime à plus de 80 000 le nombre de chercheurs d’or qui se sont rués vers la Californie. Il en vient de partout ! On les appelle les « Forty Niners », les hommes arrivés en 1849. 

Beaucoup sont venus par les passages des Montagnes Rocheuses, d’autres arrivent à San Francisco par bateaux. Cette-fois, ce sont des asiatiques, des sud-américains, des australiens mais aussi des européens. Entre 1848 et 1854, on estime à 300 000 le nombre de chercheurs d’or arrivés en Californie. La fièvre de l’or s’étend jusqu’aux territoires des Sioux. A partir de 1858, on découvre aussi d’importants filons d’argent dans l’ouest du Nevada. Les chercheurs d’or deviennent des chercheurs d’argent. Des villes vont naître autour de ces exploitations : Virginia City, Carson City et bien sûr Silver City.

Mais la fièvre de l’or n’est pas tombée pour autant ! On en découvre dans de nouveaux territoires : le Colorado, l’Utah, l’Arizona, le Nouveau Mexique, le Montana et le Dakota du sud. Certains chercheurs vont devenir des hommes riches. Ils se font photographier avec leurs pépites d’or, ce qui encourage, évidemment, l’arrivée de nouveaux prospecteurs.

Toutes ces migrations, toutes ces ambitions qu’elles soient celles des cultivateurs, des commerçants, des bâtisseurs, des industriels, ont eu comme conséquence le peuplement de tous ces nouveaux territoires. Cela ne fut pas sans difficultés, pour plusieurs raisons. Ces grands espaces avaient des habitants d’origine, les tribus indiennes… Elles aussi ont participé à la mythologie de l’Ouest. Le cinéma s’en est largement emparé mais en fait, les Indiens seront les grands perdants de cette aventure. D’autre part, après le cheval et les chariots, il fallait de nouveaux moyens de transport. Ce sera une autre conquête de l’Ouest, par le chemin de fer. Un grand drame pour les indiens, une épopée pour le « cheval de fer »… 

 La conquête de l’Ouest est un chapitre mythique de l’histoire des Etats-Unis. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio « Au cœur de l’Histoire », Jean des Cars revient sur les conséquences de la colonisation de cette partie du continent sur les populations indigènes d’Amérique…

Les Indiens ont été les premières victimes de la politique expansionniste des Etats-Unis vers l’ouest du territoire. Dans ce nouvel épisode du podcast Europe 1 Studio « Au cœur de l’histoire », Jean des Cars détaille le terrible coût humain de la conquête de l’Ouest pour les Premières Nations.  

La politique de Washington à l’égard des Indiens

Lorsque les Anglais et les Français se sont affrontés pour la possession des territoires canadiens, les deux camps ont rivalisé de cadeaux et de prévenances pour obtenir l’alliance avec les tribus indiennes. Les Algonquins combattaient pour les Français, les Iroquois pour les Anglais. Cette opposition des tribus a été magnifiquement racontée par Fenimore Cooper dans son célèbre roman « Le dernier des Mohicans ». En 1763, après l’éviction des Français du Canada, les autorités britanniques proclament solennellement qu’aucune terre indienne ne pourra être occupée si elle n’a été achetée ou cédée par un traité. 

Juste après l’indépendance des Etats-Unis, l’Ordonnance du Nord-Ouest confirme en 1787 que les terres indiennes seraient sauvegardées et qu’aucune tribu ne pourrait être privée de ses terres ou de sa liberté, « sauf dans le cas d’une guerre autorisée par le Congrès ». Mais les incidents commencent dès le franchissement du massif des Appalaches en direction de l’Ouest, par les colons. 

La politique du gouvernement américain à l’égard des Indiens devient hostile dans les années 1830-1840, lorsque 100 000 indiens Cherokee et Seminole qui refusaient de vendre leurs terres à l’est du Mississippi, sont transplantés de force à l’ouest du fleuve. C’est le président Jackson qui a pris cette décision le 28 mai 1830. Le texte a provoqué de violents débats au Congrès. Certains jugeaient cette décision inhumaine, d’autres étaient convaincus que c’était le seul moyen de sauver les Indiens de l’extinction. La loi est déclarée inconstitutionnelle par la Cour Suprême. Mais le président Jackson met au défi le président de la Cour Suprême d’appliquer sa décision. Il déclare : « Il a pris sa décision. Qu’il la mette en pratique ! »

Pour se justifier, le président fait une promesse aux Indiens : « Vos frères blancs ne revendiqueront jamais ce territoire à l’ouest du Mississipi et vous pourrez y vivre, vous et vos enfants, aussi longtemps que poussera l’herbe et que coulera l’eau, dans la paix et l’abondance. Il sera à vous pour toujours. »

En réalité, de 1850 à 1880, les Indiens nomades des grandes plaines du Middle West verront s’effondrer toutes les bases de leur existence. La chasse traditionnelle ne va plus les nourrir en raison de la disparition des bisons. Alors que les troupeaux étaient immenses dans les années 1830, à partir de cette date, les bisons sont systématiquement chassés et alimentent le considérable marché des peaux. C’est à cette période que le célèbre Buffalo Bill crée sa légende. Il ne reste que quelques centaines de ces animaux en 1890. D’autre part, l’installation d’agriculteurs sédentaires dans des propriétés clôturées rendaient difficiles leurs migrations permanentes… 

Des Indiens sur le sentier de la guerre

Avec le sentiment d’être dépossédés de leur univers traditionnel et de leur mode de vie, les Indiens ne pouvaient que se révolter. En 1838, le président Jackson envoie l’armée en Géorgie pour déporter les Cherokee en Arkansas et en Oklahoma. Ce triste épisode est connu sous le nom de « Piste des Larmes ». 18 000 Cherokee prennent la route de l’exil. 4 000 vont mourir pendant ce long déplacement. A partir de 1850, les diverses tribus, les unes après les autres ou ensemble n’ont cessé d’être « sur le sentier de la guerre ».

En 1862, en pleine guerre de Sécession, les Sioux de Minnesota en révolte sont battus par le général nordiste Sibley, à Wood Lake. En 1864, les Cheyenne prennent la tête d’une coalition qui comprenait les Apaches, les Comanches et les Kiowa. Elle est impitoyablement anéantie par le massacre à Sand Creek en novembre 1864. Les Apaches sont obligés d’accepter de réintégrer les territoires indiens créés en 1834, dans l’actuel Oklahoma.

Le 25 juin 1876, les Sioux et les Cheyennes, commandés par le chef Sitting Bull, massacrent les 200 hommes du général Custer au bord de la rivière de Little Big Horn. Custer est tombé dans un piège, habilement tendu par les Indiens alors qu’il menait une vaste campagne pour forcer les tribus à quitter les grandes plaines pour regagner leurs réserves. La bataille de Little Big Horn a donné lieu à des représailles de la part des USA, et a conduit, quatorze ans plus tard, au massacre de Wounded Knee. Ces deux batailles ont marqué profondément la mémoire collective américaine.

La tribu des Nez-Percés fait une dernière tentative pour échapper à la transplantation. La guerre éclate lorsque le général Howard entreprend de faire respecter un traité vieux de treize ans enjoignant aux Nez-Percés de quitter leur vallée de l’Oregon pour s’installer dans la réserve indienne de Lapwai, dans l’Idaho. Les négociations sont rompues les 13 juin 1877 après des représailles indiennes qui avaient coûté la vie à vingt colons. Le général Howard continue son offensive. Il poursuit les 200 guerriers qui avaient réussi à s’échapper. Conduits par leur chef Joseph, accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, ces Indiens parcourent 1500 kilomètres à travers le Montana pour tenter de franchir la frontière canadienne. Ils sont rattrapés et assiégés par les troupes du général Howard le 30 août à 50 kilomètres de la frontière. Pour sauver les femmes et les enfants, le chef Joseph se rend le 15 octobre. Tous ces Indiens devront regagner leur réserve de l’Idaho. 

La dernière grande guerre indienne est menée de 1882 à 1884 par les Apaches de l’Arizona et du Nouveau-Mexique, sous la conduite de leur chef Géronimo. Après leur défaite, tous les Indiens se retrouvent confinés dans leurs réserves ou dans le Territoire Indien d’origine, à l’est du Mississippi. Le statut officiel de ces réserves est défini par l’Allotment Act en 1887. 

C’en est fini des révoltes. Les Indiens sont les grandes victimes de la Conquête de l’Ouest. Non seulement ils ont perdu leur mode de vie migratoire, mais ils ont aussi été victimes des épidémies transmises par les colons. Beaucoup vont périr de la variole, du typhus et du choléra, mais aussi des excès de consommation de whisky. En 1900, les Indiens n’étaient plus du 250 000. Ils devront attendre une loi de 1934 leur ouvrant des crédits pour acheter des terres et du bétail.

Le transcontinental unit l’Est et l’Ouest

Dès les années 1830, des trains circulaient déjà dans les Etats du Nord-Est. En 1862 et malgré la Guerre de Sécession, le président Abraham Lincoln signe le Pacific Railroad Act. Cette décision du gouvernement fédéral donne une impulsion décisive à un vieux projet remontant aux années 1845 : celui de relier l’est à l’ouest des Etats-Unis par le chemin de fer.  

Le service des diligences, qui deviendra légendaire au cinéma notamment avec le classique de John Ford « La Chevauchée Fantastique » en 1939, était jugé trop irrégulier et dangereux en raison des nombreuses attaques menées par des hors-la-loi et des Indiens. De même, le service postal appelé Poney Express, assuré par des cavaliers était, certes, héroïque mais très aléatoire. La nécessité d’un réseau télégraphique s’est imposée pendant la guerre de Sécession et il s’est rapidement étendu, à l’image de ce qui existe déjà en Europe occidentale. 

Le président Lincoln sait que les Etats-Unis ne pourront se développer qu’en ayant des moyens de transport à la mesure de leurs distances. L’idée d’un chemin de fer traversant le continent nord-américain est une entreprise sans précédent. Il faut franchir des plaines immenses, des canyons, des montagnes, affronter une nature et des populations parfois hostiles. 

Il faudra six années pour construire et faire circuler le premier chemin de fer Transcontinental au monde reliant la côte Atlantique à la côte Pacifique. L’originalité de ce chantier gigantesque est de faire avancer deux compagnies à la rencontre l’une de l’autre : l’Union Pacific posera la voie vers l’Ouest en commençant à partir d’Omaha, dans le Nebraska, tandis que la Central Pacific ira vers l’Est, en partant de Sacramento, en Californie. 

C’est le 10 mai 1869, à Promontory Point, dans l’Utah, qu’a lieu cette jonction historique. Elle est immortalisée par une photographie qui fera le tour du monde : les deux locomotives des deux chantiers se retrouvent face à face ! Un léger sifflement de vapeur s’échappe des deux machines, la Jupiter et la 119. Elles sont saluées par des hourrahs et des bravos. Les présidents des deux compagnies, Leland Stanford et Thomas Durant, vont enfoncer, avec un marteau d’argent, le clou d’or fixant la dernière traverse de la voie. Les deux hommes sont si émus qu’ils devront s’y reprendre à deux fois, et c’est l’ingénieur en chef  de l’Union Pacific, nommé Grenville Dodge, qui frappe correctement la tête scintillante. 

La jonction entre les deux tronçons est enfin une réalité. Chaque compagnie a employé 12 000 hommes, surtout des Irlandais pour l’Union Pacific, essentiellement des Chinois pour la Central Pacific. Des millions de dollars ont été investis. Il a fallu affronter des terrains instables, des rafales de blizzards, des tempêtes de neige, mais aussi les attaques des Cheyennes et des Sioux, furieux que les Blancs aient osé couper leurs territoires de chasse sur des centaines de kilomètres.

La ligne, longue de plus de 2 500 kilomètres, permet de relier New-York à San Francisco en huit jours, alors qu’avant il fallait entre trois et quatre mois. L’Amérique en train « coast to coast » comme on dira, est devenue une réalité qui unifie la Nation en rapprochant l’Est et l’Ouest. Une revue va même être publié, appelée simplement « Transcontinental ». 

C’est le 24 juillet 1870 que le premier train en provenance de San Francisco arrive à New-York. De nouvelles compagnies sont déjà à l’étude voire en chantier pour étoffer la couverture ferroviaire sur cette immense superficie. Le 8 septembre 1883, c’est avec humour que le président de la Northern Pacific, Henry Villard, inaugure la ligne reliant l’est au nord-est de la côte Pacifique : « Contrairement aux usages, le crampon d’attache n’est pas en or mais en acier. C’est plus solide et moins cher ! »

Rapidement, le prestige du train américain est tel qu’en 1897, le président William Mckinley, qui vient d’être élu, demande au Congrès d’autoriser la construction d’un train présidentiel. Il était en effet devenu gênant que les présidents voyagent dans les trains privés des milliardaires Rockefeller, Vanderbilt et Gould. 

Vingt-cinq constructeurs ferroviaires réunissent leurs compétences. Le premier train présidentiel américain sera composé de trois voitures appelées Free Silver, Gold Bug et Uncle Sam : l’une pour le service, les bagages et la technique, l’une avec salle à manger, chambre à coucher avec trois lits, salle de bains, douches, toilettes, bureau et la troisième pour la réception avec deux salons séparés, dont un pour un bureau privé et le secrétariat. Tous les présidents américains, jusqu’à Richard Nixon, feront leurs tournées électorales à bord de ces trains spéciaux. Une façon de repartir à la conquête de leur immense pays…  

 

Références bibliographiques :

François Durpaire, Histoire des Etats-Unis (Que sais-je, 2018)

Chronique de l’Amérique (Editions Chronique, 1989)

Jean des Cars et Jean-Paul Caracalla, Les trains des rois et des présidents (Denoël, 1992)

 

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