La Ruée vers l'Or

La Ruée vers l'Or

La ruée vers l’or de Californie – Histoire de l’or 

En 1848, une découverte accidentelle en Californie va offrir au tout un chacun pour la première fois de l’histoire une chance de s’enrichir grâce à l’or. Tout commence en 1839 avec John Sutter, un homme ambitieux immigré du village de Kandern en Allemagne.

Sutter se pose en Californie, décidé à fonder un empire agricole sur les collines fertiles qui entourent la vallée de Sacramento. C’est là qu’il érige un fort afin de protéger ses biens en plein essor. À peine dix ans plus tard, il totalise 1200 têtes de bétail et plus de 100 employés.

Et il a ce projet qui est de développer une minoterie afin de pouvoir subvenir aux besoins alimentaires des gens qui viennent s’établir à l’ouest. Pour ce faire, Sutter a besoin de bois de charpente. Lorsque les pas d’un dénommé James Marshall, un touche-à-tout itinérant, le mènent au fort de Sutter, ce dernier l’embauche et lui confie la construction d’une scierie.

Un morceau d’or en 1848…

Les ouvriers ont dû creuser un immense fossé pour amener l’eau jusqu’à la scierie et l’extrémité la plus basse du fossé qu’on appelle le bief arrivait au niveau du sous-bassement du terrain. C’est là que le matin du 24 janvier 1848, James Marshall, qui effectuait son contrôle de routine, a observé une fente au sol dans laquelle il a remarqué un morceau d’or.

Marshall hésite à deux reprises avant de prendre la peine de se baisser pour le ramasser. « Je me suis assis et j’ai commencé à réfléchir très sérieusement, j’avais le cœur qui battait fort, j’étais certain que c’était de l’or. Le morceau avait la forme d’un petit pois« .

Marshall parcourt ce jour-là 65 km pour le montrer à Sutter, lequel écrira plus tard : « Monsieur Marshall a commencé par me montrer ce métal. En fait des petits fragments et spécimens dont certains pouvaient valoir quelques dollars. Il m’a annoncé qu’il en avait parlé aux ouvriers à la scierie comme quoi c’était peut-être de l’or« .

« C’est de l’or »

Sutter décide de garder secrète la découverte jusqu’à ce que l’un de ses ouvriers s’arrête en ville prendre un verre sans argent sur lui. À la place, l’homme fouille sa poche et en sort une pépite jaune trouvée dans un ruisseau, il la pose bruyamment sur le comptoir. « Voilà de l’argent, c’est de l’or » déclare-t-il. La transaction a lieu dans une épicerie générale tenue par un mormon du nom de Sam Brannan, lequel sait deux ou trois choses sur la situation de l’offre et de la demande à la frontière.

Sam Brannan n’a pas fait ce que tous les autres ont fait, c’est-à-dire se précipiter à la scierie pour commencer à creuser. Au lieu de ça, il est descendu à San Francisco et a acheté tout ce que ses bras pouvaient rapporter en matériel dont les mineurs auraient besoin dans les mois suivants. Puis Brannan fait en sorte de s’assurer que les mineurs arriveront en foule. Il a arpenté les rues de San Francisco en criant haut et fort la nouvelle de la découverte : « De l’or dans la rivière américaine ! De l’or dans la rivière américaine ! »

Lorsque la nouvelle parvient dans l’état d’Oregon, deux tiers des hommes bons pour le service font leurs baluchons et partent pour la Californie. Ils s’autoproclament chercheurs d’or. Trouver le métal devient leur nouveau métier. Un fonctionnaire espagnol à Monterey observe : « les fermiers ont laissé de cotés leurs charrues, les avocats leurs dossiers, les médecins leurs pilules, les prêtres leurs micelles et tous se sont maintenant mis à creuser pour de l’or« .

Les nouvelles se transmettant encore plus vite par voie maritime, les Chinois sont informés avant les New-Yorkais. « Les nouvelles ont mis tellement de temps à parvenir à l’est du pays qu’on a surnommé ces gars, ceux de 49, en l’occurrence 1849, au lieu de ceux de 48« .

En 1852, la population californienne a doublé

En 1852, la population de la Californie a plus que décuplé pour arriver à 250 000 personnes. C’est pratiquement le monde entier qui a participé à la ruée vers l’or. On peut lire sur les registres que des gens sont arrivés du sous-continent indien, de tous les pays d’Europe aussi, d’Australie, d’Amérique du Sud et, bien entendu, en particulier des États-Unis.

Trois itinéraires possibles vers les terrains aurifères s’offrent aux quelques 80 000 Américains qui quittent la côte Est. Par train, le voyage prend jusqu’à six mois. Par bateau, en contournant l’Amérique du Sud, il peut aussi durer six mois. Ou bien encore par voie maritime et terrestre en empruntant l’isthme de Panama, le chemin le plus court, mais aussi le plus coûteux.

Ces trois solutions engendraient de toute façon énormément de souffrance, il y avait la faim et la maladie terrible, les nombreux dangers aussi. Il ne faut pas oublier non plus le mal du pays et la peur, l’inquiétude aussi, à la fois pour la famille qu’on laissait et pour ce qu’on allait trouver pour survivre en Californie.

La fièvre de l’or fait délirer le monde

Lorsque les bateaux accostent à San Francisco, les marins, alléchés par la perspective de gagner vingt ans de salaire en seulement deux mois de prospection, se joignent aux passagers et les accompagnent dans cette ruée vers les régions aurifères. Le SS California arrive en avril 1849 avec un équipage de 36 hommes. En quelques jours, il n’y a plus à bord que le capitaine et un mécanicien. Un autre capitaine de navire va même jusqu’à pendre aux extrémités d’une vergue deux déserteurs en guise d’avertissement, mais en vain. La fièvre de l’or fait délirer le monde.

C’était la chance de toute une vie pour beaucoup de gens qui ne connaissaient que la pauvreté, tout à coup, on leur annonçait cette nouvelle extraordinaire.

Avant la découverte à la scierie de Sutter, l’or que l’on trouvait devenait immédiatement propriété des rois et des conquérants. La ruée vers l’or en Californie introduit une nouvelle donne ou tout simplement la chance pour le commun des mortels de pouvoir chercher et garder pour son compte tout ce qu’il trouvera.

Vous avez là tout à coup des mineurs indépendants qui se débrouillent seuls dans le froid et la pluie, qui extraient et fouillent le gravier aurifère à s’en briser les reins. C’est tout à fait unique dans l’histoire du monde.

Les gars de 49 dénichent une région rocheuse riche en or qu’on surnommera le filon-mère. Au fil des millions d’années, l’or est emporté par les torrents et parvient jusqu’à la rivière, c’est pour ça qu’on parle de sable ou de gravier aurifère.

Mais si la Californie est inondée d’or, l’argent en lui-même se fait rare, le point d’approvisionnement en valeurs le plus proche est Philadelphie, située de l’autre côté du pays. Les Californiens vont donc improviser en utilisant la monnaie étrangère présente sur place.

Le dollar espagnol en argent comme référence

Le dollar espagnol en argent, appelé la pièce de huit, était ce qu’on trouvait le plus communément, il leur fallait le découper en huit petits morceaux, chacun ayant une valeur de 12,5 cents. Pour six morceaux par exemple, on avait droit à une coupe de cheveux et un rasage.

Mais David Broderick, nouvel arrivant de New York, commence à racheter la poussière d’or. En la fondant en pièces, il permet aux californiens de se constituer une réserve d’argent devenue désormais indispensable. On s’est aperçu plus tard que cette pièce soi-disant de 5 et 10 dollars or n’était peut-être par faite uniquement d’or. Broderick s’est donc constitué un bon pactole avec son affaire.

Broderick n’est pas le seul entrepreneur à faire fortune sans avoir jamais touché la roche. À l’apogée de la ruée, Sam Brannan, qui ravitaille alors les mineurs, devient l’homme le plus riche du pays. Sam Brannan est connu comme le tout premier millionnaire. Un million de dollars en poudre d’or sans avoir donné un seul coup de pelle.

Dix millions de dollars en or

Cependant, seule une poignée des gars de 49 sortira riche de l’aventure. En 1849, la Californie a produit dix millions de dollars en or, divisés par une moyenne de 40 000 mineurs, cela fait approximativement 250 dollars par tête. Mais les gens continuent d’affluer par centaines et par milliers, attirés par les histoires extravagantes qu’on raconte sur cette ruée.

En 1851, la production atteint 77 tonnes. La majeure partie part pour l’est du pays, une cargaison annuelle dont la valeur dépasse le budget fédéral tout entier. En 1853, on atteint les 93 tonnes mais l’or facile qu’on pouvait laver à la batée dans les ruisseaux et les rivières est d’ores et déjà pratiquement épuisé, l’heure du déclin a sonné pour la ruée vers l’or californien. L’aventure n’aura duré que quatre courtes années mais elle reste fondamentale pour le développement à venir de l’Ouest américain.

Elle a été d’une portée bien supérieure à toute autre aventure de ce genre dans l’Histoire, pas seulement pour la quantité d’or extrait mais pour ce qu’elle a concrètement apporté aux États-Unis. Ces mineurs à court d’or qui se sont aperçus que ça ne valait pas le coup décident alors de revenir à ce qu’ils maîtrisent le mieux, ils créent donc des fermes en Californie qui s’avèrent plus productrices.

Des effets dévastateurs sur les populations locales

Comme pour le reste de l’histoire de l’Ouest américain, le développement a un coût. L’immigration massive bouscule un système économique et social en place depuis des siècles. Les différentes ruées vers l’or ont eu des effets dévastateurs sur les populations indiennes, ça a été le début de la fin de leur mode de vie.

En l’espace de cinq ans, la population indienne en Californie passe de plus de 150 000 habitants à moins de 30 000. La plupart des victimes meurent de faim ou de maladie, les autres sont assassinées par les mineurs.

Les initiateurs de la ruée suivent un chemin analogue : James Marshall, l’homme qui avait trouvé la première pépite dans la rivière passe le reste de sa vie ivrogne et fauché à chercher en vain un autre gisement.

Quant à l’empire agricole prospère de John Sutter, il est anéanti. Ses ouvriers se sont rués vers les champs aurifères abandonnant les terres aux squatteurs. Sutter évoque dans ses mémoires son rêve brisé : « cette découverte soudaine d’or a détruit tous mes beaux projets, si j’avais réussi seulement quelques années avant qu’on ne trouve de l’or, j’aurais été le citoyen le plus riche de toute la côte pacifique. Mais au lieu d’être riche, je suis ruiné« .

Certains gars de 49 ne parviennent pourtant pas à se débarrasser de leur fièvre de l’or. Dans le demi-siècle qui suit, d’autres ruées ont lieu de par le monde. Chacune d’elle déclenche une véritable migration de chercheurs mués par la seule rumeur de la prochaine grande découverte.

Dans la fièvre de l’or, un gars de 49 ruiné, découvre de l’or sous terre. La veine principale d’or qui a alimenté la grande ruée californienne, le filon-mère comme on l’appelait, est en réalité une veine de quartz comportant de l’or et qui s’étend sur plus de 160 km à travers les montagnes du nord de la Californie.

De l’or en Australie aussi

En 1850, Edward Hargraves, alors âgé de 34 ans, rentre chez lui en Australie après avoir passé deux ans à chercher de l’or en Californie. Bien qu’alors sans le sou, Hargraves s’aperçoit que la géologie dans la région californienne qu’il a connue est semblable à celle de la Nouvelle Galles du Sud en Australie. Il prédit à l’un de ses camarades de voyage qu’il trouvera de l’or en l’espace d’une semaine. « Il y a autant d’or dans le pays où je rentre qu’en Californie. Et sa gracieuse majesté la reine, Dieu la bénisse, me nommera parmi ses hauts-commissaires de l’or« .

Hargraves n’est pas loin de la vérité. En 1851, à peine six semaines après son retour, il découvre en compagnie d’un guide dont il a loué les services de l’or dans sa batée. En six mois, quelques 50 000 chercheurs, la plupart d’anciens protagonistes du rêve californien, s’entichent de l’Australie.

Quelques mois plus tard, les nouvelles de la découverte parviennent en Angleterre accompagnées de la toute première cargaison d’or australien.
Le capitaine du bateau à vapeur, Thomas Harvernot écrit : « notre colonie est complètement paralysée. Tout homme ou garçon capable de tenir une pelle est déjà parti ou bien part creuser. À peu près tous les produits alimentaires ont augmenté parfois jusqu’à deux cents pour cent de leur prix« .

L’Australie, autrefois colonie pénitentiaire redoutée par les détenus britanniques devient subitement la terre promise pour quiconque possède un rêve et une pelle. En 1852, 372 000 immigrants y sont installés. C’était simplement des gens ordinaires qui se disaient « c’est la ruée vers l’or, on se lève, on y va et on essaie de s’enrichir« .

Une ruée de courte durée

Mais comme pour la Californie, la ruée australienne sera de courte durée. En quatre ans, tout l’or niché en surface et dans les cours d’eau est accaparé. Les fanfaronnades d’Edward Hargraves sont devenues réalités. La reine Victoria le nomme Haut-commissaire aux Terres. Outre une bourse de 10 000 livres sterling, elle lui attribue un mandat à vie. Bien qu’il ne découvrira plus jamais d’or par la suite, Hargraves continuera d’être vénéré comme l’homme ayant le don de transformer en or tout ce qu’il touche.

Les ruées vers l’or californienne et australienne font du commun des mortels des chercheurs à temps partiel. Je suppose que c’était presque devenu une semi-profession dans la seconde moitié du XIXe siècle. Vous étiez chercheur, l’oreille constamment à l’affût des derniers potins et des derniers mots d’ordre qui couraient dans les bars.

Avec la Californie et l’Australie dorénavant hors jeu, l’ultime mot d’ordre devient « aller dans les rocheuses« . À suivre…

 À Bodie, une ville née de la ruée vers l’or transformée en… parc national californien

Du froid sec et piquant l’hiver, de fortes chaleurs l’été… la ville de Bodie, en Californie, n’a pas vraiment de quoi attirer les touristes. Pourtant, la ville a battu des records de population pendant la ruée vers l’or. Mais pas pour le tourisme : avec trente mines et une production d’or estimée à près de 100 millions de dollars, le sous-sol de Bodie a surtout eu de quoi attirer les chercheurs.

Mais  après que les filons se soient taris et surtout après un énième incendie en 1932, la ville a pris l’air d’une ville fantôme. Aujourd’hui, c’est une destination pour les touristes, qui s’imprègnent d’une atmosphère qui ne semble pas marquée par les années.

 

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Michel Poncet

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